mes prunelles brûlent, mais elles n’ont pas de larmes.
193. « Je vous ai aimé, je vous aime ; et pour cet amour, rang, condition, le ciel, le genre humain, ma propre estime, j’ai tout perdu : cependant je ne regrette pas ce qu’il m’a coûté, le souvenir de ce songe est encore trop doux. Mais si je parle de ma faute, ce n’est pas pour en tirer vanité, nul ne peut me croire aussi abjecte que je le semble à mes propres yeux. Je trace ces lignes parce que je ne puis reposer. — Je n’ai rien à reprocher, rien à demander encore.
194. « L’amour d’un homme n’est qu’un épisode de sa vie ; celui d’une femme est toute son existence. L’homme a le choix entre la cour, les camps, l’église, la mer et le commerce : l’épée, la robe, la fortune et la gloire, lui offrent en échange de l’orgueil, de l’éclat, de l’ambition pour remplir son cœur. Il en est peu qui ne trouvent à se distraire au milieu de tant de soins ; mais il n’est pour nous qu’une ressource : aimer encore et se perdre une seconde fois.
195. « Vous allez vous livrer aux plaisirs, à l’éclat ; vous serez aimé, vous aimerez beaucoup ; tout est fini pour moi sur la terre, sauf quelques années pour ensevelir ma honte et mes chagrins au fond de mon cœur. Je puis les supporter ; mais je ne pourrai éloigner la passion qui me dévore encore autant qu’autrefois. Ainsi, adieu ; — pardonnez-