Page:Byron - Œuvres complètes, trad Paris, 1830.djvu/158

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lente muse ! — Allons, laissez-moi reprendre haleine.

7. Chaste, muse !! — Bien, puisqu’il le faut, il le faut. Je crois apercevoir un voile écarté pour un moment par une main légère, tandis qu’un œil expressif vous fait pâlir et vous perce le cœur. — Terre brûlante, toute d’amour ! quand je t’oublierai, puissé-je en venir à — dire mes prières ! — non, jamais costume ne prêta tant de charmes aux œillades, excepté les fazzioli de Venise.

8. Mais à notre conte : Donna Inès avait envoyé son fils à Cadix seulement pour qu’il s’y embarquât ; il n’entrait pas dans ses vues de l’y laisser séjourner ; et la raison ? — car nous embarrassons notre lecteur. — C’est qu’il était convenu que le jeune homme voyagerait : comme si un vaisseau espagnol eût dû, semblable à l’arche de Noé, le séparer de la scélératesse mondaine, et le ramener ensuite à la terre tel qu’une colombe d’espérance.

9. Don Juan, après avoir, suivant ses instructions, ordonné à son valet de disposer tout pour son départ, reçut un sermon et quelque argent. Il devait voyager pendant quatre printems ; Inès était affligée sans doute (tous les genres de séparation ont leur épine), mais elle espérait, — elle croyait peut-être qu’il amenderait. Elle lui donna de plus une lettre (qu’il ne lut jamais) de bons conseils, et deux ou trois de crédit.

10. Cependant, afin de se distraire, la vertueuse