Page:Byron - Œuvres complètes, trad Paris, 1830.djvu/159

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Inès forma pour le dimanche une école de petits mauvais garnemens, qui auraient bien préféré jouer, comme de vilains paresseux, au diable ou au fou. C’étaient des enfans de trois ans qui, ce jour-là, venaient écouter ses leçons. Les indociles étaient fouettés ou mis sur la sellette. Le grand succès de l’éducation de Juan l’encourageait à s’occuper d’une autre génération.

11. Juan quitta le bord, et le vaisseau s’ébranla ; les vents étaient bons, l’eau très-agitée. C’est un diable de courant que celui de cette baie, je l’ai assez souvent essuyé pour me le rappeler. Si vous vous asseyez sur le tillac, votre visage ne tarde pas à se couvrir d’écume jaunissante, et à prendre l’apparence d’un cuir tanné. C’est là qu’il se tint pour dire et redire son premier, peut-être son dernier adieu à l’Espagne.

12. Je ne puis m’empêcher de remarquer que c’est un spectacle poignant que celui de la terre natale s’éloignant derrière les flots mugissans. — Il anéantit tout-à-fait, surtout si l’on est encore aux jours de la jeunesse. Je me souviens que les côtes de la Grande-Bretagne paraissent blanches, mais la plupart des autres terres sont bleues ; en entrant dans l’humide élément, et trompés par la distance nous reportons nos regards vers elles.

13. Juan au désespoir demeurait assis sur le tillac, et cependant le vent ronflait, les cordages sifflaient, les matelots juraient et le vaisseau craquait ; la ville