Page:Byron - Œuvres complètes, trad Paris, 1830.djvu/161

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ma muse n’est pas larmoyante, et il n’est pas sage de se consumer pour de pareils chagrins. Les jeunes gens ne doivent voyager que pour se divertir ; et par la suite peut-être que leurs valets, en attachant leur porte-manteau derrière la voiture, y glisseront ce chant lui-même.

17. Enfin Juan pleurait, soupirait et méditait ; ses larmes amères tombaient dans l’amer élément :doux sur le doux (j’aime beaucoup à citer : vous excuserez ce souvenir ; c’est lorsque la reine de Danemarck jette des fleurs sur la tombe d’Ophélie[1]) ; tout en sanglotant, il songeait à sa position, et faisait de sérieux plans de réforme.

18. « Adieu, mon Espagne ! adieu pour longtems, criait-il. Peut-être ne dois-je plus te revoir, et mourrai-je, comme tant d’autres exilés, du désir de revenir encore sur ton rivage. Adieu, bords paisibles du Guadalquivir ; adieu, ma mère ; et puisque tout est fini, adieu, ma trop chère Julia ! » (Ici il tira encore sa lettre et se mit à la relire.)

19. « Et oh ! si je devais jamais l’oublier, je jure, — mais cela est impossible et absurde : — cet Océan azuré se joindra au ciel, la terre s’abîmera dans la mer avant que je

  1. « La reine. — Doux sur le doux, adieu ! (Jetant des fleurs : ) J’espérais que tu serais l’épouse de mon Hamlet ; je pensais orner un jour ta couche nuptiale, douce jeune vierge, et non pas couvrir ta tombe de fleurs. » (Hamlet, act. V, sc. Ire.)