Page:Byron - Œuvres complètes, trad Paris, 1830.djvu/165

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qui pourraient en avoir besoin, elles tirèrent cinquante tonnes d’eau par heure ; ainsi notre équipage eût été perdu sans M. Mann, de Londres, qui en est l’inventeur.

30. Au déclin du jour, le tems parut s’adoucir : ils eurent l’espoir de rester maîtres de l’ouverture et de remettre à flot leur bâtiment ; cependant trois pieds d’eau occupaient encore deux pompes à bras et une troisième à chaîne. Le vent redevint frais. Comme il se faisait tard, une bouffée fit détacher quelques armes à feu, et une bourrasque (je voudrais en vain essayer de la décrire) jeta d’un seul coup le vaisseau sur le flanc.

31. Il resta sans mouvement dans cette position, comme s’il eût été attaché. L’eau, quittant le fond de cale pour venir laver les ponts, offrait une de ces scènes que les hommes n’oublient pas de sitôt ; car ils gardent la mémoire des batailles, des incendies, des naufrages, en un mot de tout ce qui excita leurs regrets et brisa leur espérance, leur cœur, leur tête ou leur cou : c’est ainsi que l’on voit bien des gens, plongeurs ou autres, rappeler avec complaisance les instans où ils étaient sur le point de se noyer.

32. Sur-le-champ les mâts furent coupés ; d’abord celui d’artimon, ensuite le grand mât : mais vain espoir, le vaisseau restait encore aussi immobile qu’une souche. Il fallut rompre le mât de misaine, et enfin (ce que nous n’aurions jamais fait tant qu’il nous