Page:Byron - Œuvres complètes, trad Paris, 1830.djvu/172

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

terrible cri d’adieu ; alors les timides hurlèrent et les braves conservèrent leur maintien tranquille. Plusieurs, en poussant d’affreux gémissemens, s’étaient déjà précipités dans les flots, avides de devancer l’instant de leur mort. Cependant, comme une bouche infernale, la mer restait entr’ouverte sur sa proie, et le vaisseau, en attirant encore après lui les vagues tournoyantes, ressemblait au lutteur acharné qui essaye d’étrangler son ennemi avant d’expirer lui-même.

53. D’abord, un cri universel s’était élevé, plus bruyant que le bruyant Océan, et semblable au fracas de la foudre répété par les échos. Tout ensuite rentra dans le silence, excepté le vent cruel et la mer impitoyable. Seulement par intervalles et au milieu d’un tourbillon convulsif, une voix solitaire retentissait encore ; c’était le dernier cri d’un fort nageur à l’agonie.

54. Les barques, comme nous l’avons dit, étaient allées en avant, transportant plusieurs personnes de l’équipage. Mais leurs espérances n’étaient guère plus hautes qu’auparavant : le vent était trop violent pour leur laisser l’espoir de gagner quelque rivage ; et d’ailleurs, bien que peu nombreux, ils l’étaient encore beaucoup trop. En se séparant du vaisseau on en comptait neuf dans le cutter et trente dans la chaloupe.

55. Tout le reste avait péri : environ deux cents ames avaient quitté leur corps ; mais hélas ! voici