Page:Byron - Œuvres complètes, trad Paris, 1830.djvu/173

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bien le pire. Quand l’Océan roule sur la dépouille des catholiques, il leur faut attendre des semaines avant qu’une messe vienne blanchir leurs taches purgatoriales ; car, tant qu’on ignorera le nom précis du trépassé, on n’ira pas hasarder de l’argent à son intention : il en coûte trois francs pour faire dire une messe.

56. Juan était entré dans la grande chaloupe, et était même parvenu à placer Pédrillo. On eût alors dit qu’ils avaient changé de condition : Juan avait cet extérieur imposant que donne le courage, tandis que les yeux du pauvre Pédrillo s’apitoyaient sur le sort de celui auquel ils appartenaient. Battista (ou plus brièvement Tita) était mort en buvant un peu d’eau-de-vie.

57. Juan voulut sauver son autre valet, mais l’ivresse lui fut également funeste. Car Pedro était si bien hors de lui, qu’en croyant toucher le cutter, il mit le pied dans la mer, et resta de cette manière enseveli dans un tombeau d’eau et de vin. Quoiqu’il eût glissé près d’eux, les autres n’essayèrent pas de le remonter ; la mer grossissait de minute en minute : et quant à la chaloupe, chacun songeait avant tout à s’y ménager une place.

58. Juan avait encore un petit vieux épagneul qui venait de son père Don José, et qu’il affectionnait comme vous pouvez croire ; car on aime à s’arrêter sur de tels souvenirs. — Il jappait douloureusement sur le pont, sans doute parce qu’il prévoyait (les chiens