Page:Byron - Œuvres complètes, trad Paris, 1830.djvu/214

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rose, et de son sein, comme un œil étincelant, jaillissait une seule étoile.

184. C’est donc alors qu’ils se promenaient les mains l’une dans l’autre, au milieu des brillans cailloux et des coquillages dont le sable était parsemé. Ils pénétrèrent dans les vieux et sauvages enfoncemens creusés par les tempêtes, et qui semblaient dessinés en salles profondes, avec des voûtes et des cellules de spatz. Puis ils revinrent se reposer, et, les bras entrelacés, ils se laissèrent aller au charme profond qu’inspire le crépuscule.

185. Ils contemplaient le ciel dont les flottantes couleurs rosées semblaient former un vaste et brillant océan ; ils abaissaient leurs yeux sur la mer limpide qui reproduisait dans son gouffre le large disque de la lune. Ils écoutaient murmurer les vagues et bruire les vents ; puis ils virent que leurs yeux noirs se renvoyaient mutuellement une lumière brûlante ; — alors leurs lèvres se rapprochèrent, et se collèrent en un baiser.

186. Un long, long baiser, baiser de jeunesse, d’amour et de beauté, qui semblait concentrer tous les rayons de leur existence dans un foyer allumé dans les cieux ; baiser tel que ceux des premières années, lorsque le cœur, l’ame et les sens s’ébranlent de concert, que le sang est une lave, le pouls un feu, et chaque baiser un crève-cœur. — Quant à la vivacité des baisers, il faut, je pense, l’estimer d’après leur longueur.