Page:Byron - Œuvres complètes, trad Paris, 1830.djvu/218

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poupon qui mouille le sein de sa nourrice, un dévot au moment de l’élévation de l’hostie, un Arabe qui accueille un étranger, un marin qui s’empare d’une forte prise dans un combat, un avare qui contemple sa caisse remplie jusqu’aux bords, tous éprouvent du ravissement ; mais leur bonheur n’est rien auprès de celui de regarder dormir l’objet que l’on aime.

197. Pendant qu’il repose tranquille et adoré, il conserve le souffle de vie qui nous anime avec lui. Gracieux, immobile et silencieux, il ne devine pas le charme qu’il nous inspire. La source des émotions qu’il a éprouvées, ou qu’il nous a communiquées, semble concentrée dans son sein ; c’est lui qui repose ; c’est la chose que nous aimons, environnée d’illusions et de charmes, telle que la mort, mais dépouillée de ses terreurs[1].

198. Haidée veillait son amant, — et cette heure de nuit et d’amour, cette solitude de l’Océan pénétraient son cœur de leur influence réunie. Parmi des sables arides, sous des roches sauvages, ils avaient trouvé un berceau où rien sur la terre ne pouvait venir les distraire ; et de toutes les étoiles qui peuplaient la voûte azurée, il n’en était pas une qui vît dans sa course plus de bonheur que sur ses joues brûlantes.

199. Hélas ! l’amour des femmes ! on le sait, c’est une chose délicieuse et redoutable. Elles mettent tout ce qu’elles ont sur ce dé ; et s’il tourne contre

  1. M. A. P. n’a pas traduit cette strophe.