Page:Byron - Œuvres complètes, trad Paris, 1830.djvu/219

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elles, la vie ne leur rappelle plus que la perfidie qui les a déçues ; leur vengeance, semblable à l’élan du tigre, est rapide, implacable et mortelle. Cependant elles ne souffrent pas moins que leurs victimes, et tous les maux qu’elles infligent, elles les ressentent.

200. Elles ont raison ; car l’homme, si souvent injuste envers l’homme, l’est toujours envers les femmes. Le même sort les attend toutes ; elles ne peuvent compter que sur la trahison. Instruites à dissimuler sans cesse, elles désespèrent celui que leur cœur brûlant idolâtre, jusqu’à ce qu’un plus riche aspirant les achète en mariage ; — alors, que reste-t-il ? un mari insouciant, puis un amant infidèle, et enfin le soin de s’habiller, de se nourrir et de dire ses prières.

201. L’une prend un amant, une autre tombe dans la boisson ou dans la dévotion. Celle-là pense à son ménage, celle-ci aux moyens de se distraire. Il en est qui essaient de voyager ; mais, en perdant les avantages d’une vertueuse retraite, elles ne font que changer d’ennuis. Il n’est pas d’incident qui puisse les rendre plus heureuses, et leur situation est aussi pénible dans un palais insipide que dans une ignoble chaumière : quelques-unes aussi font le diable, ensuite elles écrivent une nouvelle[1].

  1. Ce dernier trait, omis par M. A. P., est une épigramme lancée contre une célèbre blue-stocking d’Angleterre. On voit bien que Lord Byron n’avait jamais entendu parler de la conduite exemplaire de nos Saphos françaises, mesdames de Genlis, Gay, Gail, Cottin, Dufresnois, etc.