Page:Byron - Œuvres complètes, trad Paris, 1830.djvu/221

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désert ils venaient d’engager leur cœur : les astres, flambeaux de leur hymen, versaient un nouveau charme sur leur beauté ; l’Océan était leur garant, et la grotte leur couche nuptiale : unis et sanctifiés par leurs propres sentimens, la solitude leur tenait lieu de prêtre : ils furent unis, et ils étaient heureux, car chacun d’eux regardait naïvement l’autre comme un ange, et la terre comme un paradis.

205. Amour ! ô toi dont le grand César fut le courtisan, Titus le vainqueur, Antoine l’esclave, Horace et Catulle les professeurs, Ovide le directeur, et Sapho, la sage Blue-Stocking, (de laquelle puisse le tombeau engloutir tous ceux qui restent indifférens ! — le rocher de Leucade domine toujours les vagues). — Amour, tu es vraiment le dieu du mal, car après tout nous ne pouvons t’en appeler le démon.

206. C’est toi qui rends si précaire le chaste état du mariage, et qui insultes chaque jour le front des plus grands hommes. César, Pompée, Mahomet et Bélisaire ont fatigué la plume héroïque de l’histoire : leur destinée, leurs actions ont été tout-à-fait différentes, et jamais ne reviendront des siècles aussi féconds en merveilles ; cependant ces quatre grands hommes ont eu trois qualités communes, ils ont tous été héros, conquérans et cocus.

207. Tu fais les philosophes ; tu as formé le troupeau matérialiste d’Épicure et d’Aristippe, qui tente de nous pousser dans une direction immorale avec