Page:Byron - Œuvres complètes, trad Paris, 1830.djvu/220

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202. Pour Haidée, c’était la fiancée de la nature ; elle ne savait pas tout cela. Fille des passions, elle avait reçu le jour dans une contrée que le soleil inondait d’une triple et dévorante lumière[1]. Elle était uniquement faite pour aimer et pour sentir qu’elle était le choix de celui qu’elle avait choisi ; tout ce qu’on pouvait dire ou faire ailleurs n’était rien pour elle. — Que pouvait-elle en craindre ? elle n’y nourrissait ni espérance, ni inquiétude, ni amour ; son cœur battait dans ce lieu seul.

203. Oh ! combien nous coûte ce rapide battement de cœur ! et pourtant chaque palpitation a dans sa source, comme dans son effet, tant de douceur que la sagesse, en dépit de sa haine pour le plaisir et de son amour pour la vérité, que la conscience elle-même ont une peine infinie à nous faire préférer leurs bonnes vieilles maximes à son ravissant transport. — Je suis surpris que Castlereagh ne l’ait pas encore taxé[2].

204. Et maintenant c’en était fait. — Sur le rivage

  1. Il y a ici une image poétique que nous n’avons pas osé rendre : Born when the sun Showers triple light, and scorches even the kiss Of his gazelle-eyed daughters. « Née où le soleil fait pleuvoir une triple lumière, et rend brûlant le baiser de ses filles aux yeux de gazelle. »
  2. M. A. P. n’a pas traduit cette strophe. Il ne faut pas oublier, en lisant le trait qui la termine et la quatorzième strophe du troisième chant, que l’année 1816 fut celle dans laquelle Lord Castlereagh proposa et fit adopter le plus de taxes.