Page:Byron - Œuvres complètes, trad Paris, 1830.djvu/238

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voulait procurer une surprise agréable à sa fille (il surprenait en général les hommes avec l’épée), — n’avait envoyé personne pour avertir de son arrivée ; personne ne se remua donc : long-tems il s’arrêta pour bien convaincre ses yeux de ce qu’il voyait ; et réellement il était plutôt surpris qu’enchanté de trouver une si belle compagnie invitée.

38. Il ne savait pas (oh ! que les hommes sont menteurs) qu’un rapport (et surtout les Grecs) avait garanti la certitude de sa mort (comme si ces gens-là mouraient jamais), et répandu pendant plusieurs semaines le deuil dans sa maison. Mais depuis ce tems leurs paupières et même leurs lèvres s’étaient desséchées ; les roses étaient revenues sur les joues d’Haidée ; ses pleurs étaient remontés à leur source, et elle conduisait pour elle-même les affaires de la maison.

39. De là tous ces mets, ces danses, ce vin et ce violon qui faisaient de l’île un séjour de plaisirs ; les valets étaient tous à boire ou les bras croisés, passe-tems qui les rend les plus heureuses gens du monde. L’hospitalité du père semblait sordide, comparée à l’usage que faisait Haidée de ses trésors ; et l’on ne peut assez dire combien on approuvait sa noble conduite, quand elle n’avait pas une heure qu’elle ne consacrât à l’amour.

40. Vous croyez peut-être qu’en tombant au milieu de ces divertissemens il ne pourra se contenir,