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Page:Cérésole - En vue de l’Himalaya.djvu/107

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l’Inde de l’Angleterre, ou la Suisse du péril militaire constitué par ses voisins, mais de mettre chacun et chacune au vrai service — supérieur à celui de l’individu, de la famille, de la classe ou de la nation, — au service de l’Éternel.

Si ce service est accepté sérieusement, les miracles deviennent possibles ; le reste, ce qu’on cherchait avant, est donné par dessus le marché. Le sycomore auquel on répète avec assez d’insistance d’aller se planter dans la mer finit par y aller. C’est, à mon avis, beaucoup plus probablement dans un phénomène de ce genre plutôt que dans une action purement et essentiellement mécanique ou physico-chimique que se trouve la clé profonde de toute l’évolution des êtres vivants. Ce que l’évolution a réalisé presque littéralement, c’est le miracle inverse, plus grand encore, du sycomore d’abord planté dans la mer et qui finit par en sortir pour aller sous toute espèce de formes se promener dans l’univers entier : Nous étions tous probablement à l’origine, non pas des sycomores, mais des organismes beaucoup plus élémentaires encore plantés dans la mer. Et nous en sommes sortis ! C’est vertigineux d’imaginer cela. Rien ne recommande sérieusement l’hypothèse, — infiniment mince et fragile du point de vue des probabilités, — suivant laquelle une action purement mécanique, sans intention, sans volonté, en tâtonnant au hasard dans « un milliard à la puissance un milliard » de combinaisons possibles, nous aurait amenés où nous sommes.

Étrange que l’homme, comme pour se décourager et s’anéantir lui-même à plaisir, ait réussi à se persuader qu’une idée aussi contraire aux données immédiates du sens commun était en réalité la vérité suprême (triste peut-être), mais la vérité sérieuse. Sans raisonner en détail cette fantastique énormité, j’étais tout saisi de sa folie en regardant,