Page:Cérésole - En vue de l’Himalaya.djvu/34

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de vieillards chez nous, il a du tact. Il n’insiste pas si on ne donne rien… Il a toute la tenue d’un vrai fonctionnaire. C’est qu’en effet, tout renseignement pris, il collecte pour le plus intéressant des asiles de charité, il collecte pour un « Goshala »… un asile pour vieilles vaches fatiguées que la piété hindoue tient à recueillir plutôt que de les abattre. Rien à dire si on commençait par la femme lépreuse. Il y a quelque chose qui cloche de manière révoltante dans cette religion comme dans d’autres.

En voyant passer des locomotives du Bengal et North Western Railway, fourbies avec soin, avec amour, je pense à une visite que nous avons eue à Patna du secrétaire du syndicat des cheminots de cette compagnie… et à son affirmation étrange que l’immense majorité des mécaniciens de locomotive ne savent pas lire même un indicateur ! Sur le « Victoria » un jeune Hindou croyait devoir m’affirmer (pour l’honneur de la nation), que le tiers seulement des Indiens était illettrés — en réalité ce sont 93 % sur l’ensemble de la nation, le 99 % de la population rurale.

À Sonepur, encore, je vois un individu habillé tout autrement que les Hindous : turban avec bonnet de couleur, un petit veston brodé à la zouave, des pantalons de toile bouffants, avec une jupe sur le pantalon, jusqu’aux genoux, des souliers relevés en pointe. Notre compagnon Chakradar nous explique que c’est un Khabuli ; leur spécialité aux Indes où ils sont assez nombreux dans le nord, est de pratiquer l’usure. Ils prêtent aux ouvriers et aux paysans au taux amical de 13 % par mois ; c’est la plaie bien connue de ce pays. Pas facile, semble-t-il, d’en sortir. On a créé des banques coopératives pour prêter à de meilleures conditions, mais même ces prêts coopératifs passent à travers plusieurs intermédiaires, quand ils arrivent au paysan, ils représentent