Page:Cérésole - En vue de l’Himalaya.djvu/39

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quitte la route de Sitamarhi pour faire encore sept ou huit kilomètres vers l’est dans une campagne charmante où chaque village avec ses palmiers, ses buffalos en train de ruminer, ses chèvres, ses groupes d’enfants, de femmes, ses huttes en bambou et roseau, ses arbres et cultures variés, offre des tableaux et des scènes délicieuses ; la lumière de ce ciel des Indes est quelque chose d’extraordinaire : en approchant du coucher du soleil il semblait que nous étions comme dans un paysage de soies fines, nuances exquises, et quelque chose de substantiel dans ces lumières, si douces, des lointains. Pauvreté, misère extrême, — mais beau comme un spectacle absolument naturel, harmonieux — (en mineur malheureusement) depuis des siècles. P. nous reçoit de la manière la plus cordiale. Il est entendu qu’en attendant que le vaste projet de déplacement et reconstruction de villages soit au point, nous nous occuperons avec notre équipe indienne — encore à constituer — à faire des travaux utiles dans le voisinage du Centre.

C’est donc l’endroit où nous ferons nos débuts et au premier repas que P. nous offre, nous ne pouvons nous empêcher de rire des vagues peurs que nous et nos amis avons eues en pensant au régime alimentaire qui nous serait « infligé ». Ici il y a des œufs en quantité et excellents à 3 annas (je dis 21 centimes 4/10) la douzaine, du poisson à 1 anna (je dis 7 centimes 1/10) le seer, qui vaut à peu près un kilo, du lait à 1 anna le litre (7 centimes 1/10), des bananes à 2 douzaines pour 7 centimes 6/10, des quantités de canards sauvages qu’on vous apporte et vous cède, sans qu’on ait marchandé, à 4 annas, c’est-à-dire 28 centimes et 1/2 la pièce ! Comme notre hôte, sa « dame » et ses trois fillettes, ainsi que les six ou sept volontaires indiens qui vivent avec eux, sont des gens modestes, on ne mange pas constamment