Page:Cérésole - En vue de l’Himalaya.djvu/51

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l’autre pour avoir chacun la même part du poids et se marchant sur les talons ou sur les orteils l’un de l’autre.

À un moment donné, pour transporter notre terre pour la digue plus commodément, nous nous servons de deux bateaux. C’est la première fois que le service civil emploie officiellement une marine ! — depuis l’aventure des amis anglais dans le Tarn à Lagarde, aucun bateau n’a jamais joué de rôle dans nos campagnes.

Comme le charretier ailleurs, ici le batelier s’en donne, une fois qu’il a poussé son bateau en place, de se croiser les bras et de laisser charger et décharger les autres. Le navire implique toutes espèces d’aventures nouvelles : on le charge trop, il repose sur le fond, s’enlise, s’accroche à des bas-fonds sur son court trajet d’une trentaine de mètres. Et voilà mon bon Joe qui soudain glisse et s’assied dans l’eau au grand amusement de tous.

Il y a aussi la construction des passerelles sur pilotis en bambou. On les coupe au buisson voisin comme chez nous on coupe le sapin à la forêt voisine. Je vois un jeune Hindou à peau très noire, barboter dans l’eau jaune au milieu des bambous tout verts qu’il vient de couper et tire après lui vers la digue ; singulier spectacle magnifiquement coloré de nature exotique. Ce garçon a l’air d’un jeune sauvage plein d’une vie farouche. Il pousse sur une note élevée des exclamations rauques, qui donnent une tout autre impression que l’hindou ordinaire.


La paie.

Le soir du samedi 24 j’ai assisté à la paie de nos paysans qui a lieu non pas toutes les semaines mais tous les soirs. Sur la suggestion de C.-F. Andrews, j’ai tout à fait renoncé pour