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Réunions avec les paysans.

À notre première réunion du dimanche, il y a huit jours, avec nos hommes, nous avons parlé de Gandhi. Ils savaient qu’il était contre le toddee (l’alcool du jus de palme, la plaie du paysan) et l’emploi des marchandises étrangères. P. a précisé, « contre le toddee, contre le tabac, et il aurait pu ajouter, contre le thé ».

Je ne sais pas trop quel effet le sermon a eu sur les paysans, mais il a fait ricochet sur nous avec une certaine force. Joe a dit qu’il allait cesser de fumer pour supprimer les quelques centimes de «vaine» dépense par jour, malgré le grand effort que l’acceptation de cette privation lui demande, et moi j’ai dit que je renoncerai au thé bien que ce ne soit pas commode ici : au milieu de toute cette misère on sent la nécessité de faire un effort sur soi-même.

Je trouve que c’est de très bon augure que le sermon — le premier — ait au moins eu pour effet de convertir partiellement ceux qui se croyaient plutôt en position de prédicateurs.

Après notre conférence décisive du lundi 26 novembre, P. et moi rentrons à Sonathi et, mardi, nous préparons pour l’enquête dans le district de Minapur. Nous avons acheté préalablement les cartes nécessaires pour marquer nos résultats (localités où les villages désirent se transporter) et nous avons pris au dépôt du district une tente que M. Swanzy met à notre disposition. On nous en donnera autant qu’il nous en faudra. Tout se passe dans ces bureaux et dépôts, officiels ou non, avec une lenteur prodigieuse au milieu d’un tas de gens qui ont tous l’air d’être là surtout pour ne rien faire. Impossible que la moyenne des hommes