ne soit pas très misérable, si la moyenne fait aussi peu, et aussi peu systématiquement le peu qu’elle fait.
Pendant trois jours, le 28, 29 et 30 novembre, marchant du matin au soir, nous avons eu vingt réunions avec les paysans dans dix-sept villages, plus ou moins entourés d’eau, aux maisons plus ou moins démolies, pour nous informer plus exactement des besoins et des désirs des habitants. Le garde-champêtre et agent de police de chaque village — le chowkidar — nous accompagne au village suivant, longeant sur des talus de séparations minuscules des carrés de rizières, passant des fossés et des mares pieds nus ou en bateau. Certains villages sont comme de véritables îles. À partir de Minapur, sur les ordres d’un chef de police qui veut nous être particulièrement utile, un chowkidar plus expérimenté et un « constable » (encore supérieur au chowkidar) nous accompagnent d’une manière assez fantastique. Ils ne sont jamais là au moment du départ, nous rattrapent tant bien que mal après que, lassés d’attendre, nous sommes partis sous la conduite d’un paysan quelconque, reparaissant tout à coup au moment où nous croyons les avoir définitivement semés ; ils sont, en fait, d’une inutilité presque totale. Je ne sais pas si le chef de police a simplement voulu s’assurer que P., dans son discours vingt fois répété aux paysans, ne fait pas de propagande subversive. (P. est naturellement membre du Congrès et a été plusieurs mois en prison.)
Nous arrivons dans le village. Notre guide nous mène vers une maison où il y ait quelque chance de trouver une kathia, sorte de sommier sur pieds, fait avec des sangles, qui fait sofa ou lit très confortable. Pendant ce temps les paysans qui ne sont pas trop loin du village se sont rassemblés, nous ont suivis — ou le chowkidar les appelle — et nous avons rapidement une assemblée qui varie de 15 à 40 chefs de