religieux ou autre rendent-ils aux gens, pour qu’on leur donne de quoi voyager comme les Rois Mages ? » P. en cherchant bien : « Ils battent du tambour ». Psychologiquement ça me paraît encore insuffisant, quoique le tambour joue un rôle capital dans ces cérémonies religieuses hindoues comme dans nos religions militaires européennes. J’insiste encore : « Est-ce qu’ils ne donnent pas aux gens du moins quelque amulette — un charme — un morceau de papier ? » P. consent : « Ils donnent quelquefois des médecines, mais ce n’est que fumisterie : le plus souvent simplement les cendres du feu auquel ils se sont chauffés pendant la nuit ». La carrière de Sadhou dans ce style-là a quelque chose d’admirablement séduisant. Il n’y a qu’à se procurer un chameau, et si on peut le voler ça doit être mieux encore, plus en harmonie avec la grande et libre aventure qui suivra. P. explique encore : « Ces Sadhous font la tournée des gens qu’ils connaissent dans différents villages et villes et sont reçus par eux. Nous retrouverons ceux-là probablement demain chez le « Mohant de Châprat… ».
Le Mohant de Châprat est l’arrière-arrière-arrière héritier d’un homme qui, il y a probablement plus d’un siècle — connu pour sa piété et sa bonté à l’égard des pauvres — avait reçu d’un homme riche un legs considérable pour ses œuvres de charité. Ce premier Mohant devait laisser sa fortune à un héritier désigné par lui et appartenant comme lui à un certain ordre de moines célibataires, pour que celui-ci emploie à son tour cette fortune au même but charitable. La transmission des biens ainsi réglée s’est accomplie conformément au programme, mais ce qui n’a pas été aussi bien réglé, c’est la transmission des vertus charitables du premier « Mohant ». Ses successeurs ont rapidement oublié que leur propriété, au fond, ne leur appartenait pas mais appartenait aux pauvres,