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prêter, et enjoliver encore à tort et à travers, jusque dans l’absurde et l’impossible les plus complets.

1928.

 Tout être libre subit une évolution réglée d’un côté par ses limitations particulières (les réalités extérieures) et de l’autre par une volonté centrale.

Dans la mesure où je me sens libre, c’est la volonté centrale qui agit en moi. Il semble qu’il y ait des procédés ou des habitudes (la prière), qui élargissent le champ de cette volonté centrale en nous. Pour être plus libre, communier plus largement avec Dieu.

Quand, dans le fameux raisonnement, on dit : « Si Dieu peut prévoir ce que nous ferons, alors c’est que nous ne sommes pas libres », on se fait une fausse idée du mécanisme de la prévision. Dieu, ou quelqu’un, peut prévoir ce que nous ferons comme nous le prévoyons nous-mêmes au moment où nous voulons et en sachant que nous voulons et ce que nous voulons. La prévision de mon action n’exclut nullement ma liberté, n’exclut nullement l’intervention réelle et irréductible de ma volonté, si elle se fait par la conscience même, directe (ou par sympathie pour une autre personne), de cette volonté.

Il y a dans cette idée que la liberté des individus n’est pour ainsi dire que le morcellement d’une liberté centrale, — d’une volonté centrale aux prises dans les différents individus avec des limitations, des désordres et des effets statistiques différents — une idée qui serait d’une importance considérable, si elle était bien juste. C’est en somme que Dieu lui-même agit en nous tous, tant bien que mal et comme il peut, à travers les limitations de la nature ou du caractère que chacun de nous oppose à cette volonté. Cette vue inspirerait un sentiment de charité absolue. Partout où il y a de la liberté, donc