Page:Cérésole - Vivre sa vérité.djvu/177

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peut-être partout où il y a de la vie, c’est Dieu qui lutte à travers des limitations et pour une organisation supérieure.

Quand un homme ferait quelque chose de mal, ce serait toujours et par définition ses limitations qui en seraient responsables ; pour ces limitations, il doit être plaint, beaucoup plutôt que blâmé. Voyons en chaque homme, même le plus misérable moralement, Dieu lui-même en lutte contre des limitations parfois étouffantes.

C’est en somme la conception à laquelle l’expérience religieuse la plus libre, celle des chrétiens libres, comme les Quakers, conduit de plus en plus les hommes.

Je pourrais dire : Ce qui veut en moi, c’est l’élément le plus haut, le plus libre, la meilleure partie de moi-même. Le reste, ce qui n’est pas la meilleure partie, c’est ce que j’appelle limitations, circonstances extérieures, caractère, etc. Or ce qu’il y a de meilleur en moi, c’est Dieu.

Ce qui veut en moi, c’est donc toujours Dieu, et quand Dieu prévoit ce que je voudrai, il prévoit seulement ce que, dans les situations successives, lui-même voudra.

{{g|◇ 1930. Dans un jardin près de Paris. — C’est bien le premier printemps. Pêchers tout roses, amandiers blancs, ou autre essence à fleurs blanches ; petits boutons rouges de pommiers du Japon ; petits soleils des roses jaune d’or. Les jonquilles et les primevères roses dans le pré ; et la grâce de ces trois mots à l’intonation française qui viennent on ne sait d’où dans l’air matinal.

Optimisme solide des yeux ouverts. Nous allons aimer ce qu’il y a de merveilleux dans ce monde-ci — sans nous laisser émouvoir par l’effroyable atmosphère d’affairisme dur qui remplit, empue, empoisonne cet air parisien. Au fond, cela n’existe pas ; c’est une illusion ; ces gens ne savent ce qu’ils font et après quoi ils courent.