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vivre sa vérité 1912–1914

Il est impossible que ces hommes aient été si parfaitement irréductibles. Comment a-t-il pu laisser se noyer aussi complètement les tendances bonnes qui devaient être en eux ?

eeiNoté après un entretien. — Vous critiquez les règlements contre les bordels ; et vous pouvez avoir raison. Mais la chose essentielle, vous n’en dites pas un mot : l’idéal, vous le traînez dans la boue. C’est le malheur, l’ordure naturelle d’une civilisation peu développée encore.

…Je n’ai pas parlé ; je n’ai à parler au nom de personne. J’aurais pu dire mon sentiment, mais quel est-il ? Existe-t-il vraiment, indépendamment de toute arrière-pensée de vanité ou de prosélytisme injuste ? Je me méfie que je vais ouvrir la bouche au nom d’un principe, et c’est exécrable. Il faut parler conformément à sa nature et non conformément à ses principes.

Que dire ?… Ça me dégoûte d’une manière atroce, ça me paraît répugnant, et pire encore : faux. Mais je ne peux rien dire ; je ne me possède pas encore assez. Je leur donnerais, je leur dirais la leçon, seulement si je la savais bien moi-même.

Ma nature est encore bien incertaine. Tais-toi. Parle de vie, d’expérience tant que tu voudras, mais pas autrement.

Vis en paix et courageusement.

eeiLaissez monter l’eau dans le réservoir, en paix. Quand elle sera à la hauteur, il débordera. Tant qu’il ne déborde pas, c’est qu’il n’est pas lui-même assez plein.
eeiCe qui aide à supporter les choses désagréables que les gens peuvent vous faire, à les supporter paisiblement sans se croire obligé de se regimber, c’est le souvenir de ce qu’on a pu soi-même faire de bien pour eux. Il faut donc s’empresser de faire du bien à ceux avec lesquels on prévoit qu’on aura des difficultés.