Page:Cérésole - Vivre sa vérité.djvu/63

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
55
vivre sa vérité 1912–1914

Il est bon, tant que mon âme est crasseuse, qu’elle manifeste sa crasse.

Si vous en êtes encore là, il faut retourner dans la crasse, mes bons amis, avec toute votre nature, et remonter lentement la pente ; et après avoir versé des larmes pour remplir les quatre grands océans, vous ne manquerez pas d’arriver, à la fin, à l’étemel.

Ces femmes infâmes, c’est un contrepoids réconfortant contre ces églises fausses.

L’étalage de cette dernière joie brutale, déjà fatiguée, est infiniment moins désagréable que l’étalage de cette piété à bout, car l’une est encore assez sincère et spontanée, produit de nécessités immédiates ; l’autre fausse et hypocrite, produit de mensonge, faiblesse et bêtise combinés.

Ce qui précède traduit confusément cette impression de fait, très nette et très précise, qu’en dépit de la tradition — et du fond de mon âme — ces bordels me sont moins pénibles que ces églises.

Ces femmes, c’est un spectacle désagréable, mais ça ne produit pas l’impression de honte cuisante d’une prière pour le Conseil d’État, ou de remerciements à Dieu parce qu’il n’a pas démoli la dernière récolte, — avec ce commentaire qu’il ne nous devait rien.

eeiLe monde n’est pas dieu, et le panthéisme semble une erreur ; mais le monde est plongé dans l’éternel comme un diamant dans la solution où il se dissout ; Dieu est partout, non pas dans le monde, mais précisément où il cesse, à sa limite.
eeiC’est une erreur d’avoir mis Judas si profond en enfer, car il faudra nécessairement l’en retirer un jour ; nous avons besoin de lui et du dernier des goujats pour achever l’univers.
eeiIl faudra, Monsieur, que vous fassiez un gentilhomme — et un meilleur que vous-même, éventuellement — de votre