Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/33

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 27 —

avaient erré à travers les forêts du pays, sur les hauts pâturages, échappant aisément aux recherches de la police impériale. Quand Napoléon fit ses adieux à la France, ce qui restait de la jeunesse ne le regretta pas trop.

La maisonnette dont nous venons de parler au début de ce chapitre avait une apparence de pauvreté. Ses habitants ne devaient certes pas nager dans l’abondance. Le toit était couvert de bardeaux que de grosses pierres, alignées sur les bords, défendaient contre la violence des vents ; les fenêtres, avec leurs petites vitres rondes retenues par des mailles de plomb, étaient tournées du côté de l’ouest, regardant, par-dessus la vallée du Doubs, les forêts franc-comtoises. Et, pourtant, cette demeure avait bon air, les alentours étaient propres, on y devinait des mains diligentes. Devant la façade principale, près de la porte, il y avait même un jardin où poussaient de beaux légumes, tandis que, le long de la haie, des parterres de fleurs variées s’épanouissaient au soleil de juillet. L’utile et l’agréable, la sollicitude pour la maisonnée et la joie des yeux.

Dans l’une des pièces de l’habitation, la mort planait au-dessus du lit où une femme