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Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/34

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souffrait ses dernières douleurs. Nous connaissons déjà cette infortunée, car nous l’avons vue, environ vingt-cinq ans auparavant, descendant les Echelles sous la conduite d’un vieux serviteur. C’était Jeanne de Laroche, dont le mari a disparu d’une façon si étrange.

Un quart de siècle ! Quelle longue période de l’existence humaine, surtout si elle comprend la maturité de la vie, comme c’était le cas pour la comtesse.

D’abord, elle avait espéré que celui qu’elle aimait allait la rejoindre, qu’un accident imprévu le tenait éloigné d’elle, mais qu’il reviendrait sûrement. Et l’attente avait duré une semaine, puis deux, un mois et plus longtemps encore. À mesure que les jours s’écoulaient, emportant son espérance par lambeaux, la pauvre fugitive se désolait. Heureusement, elle avait à ses côtés des êtres qui la chérissaient, Pierre et Françoise, dont le dévouement ne l’abandonna jamais ; en outre, son garçon, Maurice, réclamait ses soins à tout instant. Trois mois se passèrent ainsi. Cette poignante incertitude affolait la comtesse. Un jour, elle appela le vieux domestique :

— Tu vas partir, Pierre, lui dit-elle, à la