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et l’esprit vaguement préoccupé des choses qu’il venait d’entendre.

— Oui… ton père… il était bon… je l’aimais… Oh ! cette nuit affreuse… à travers les bois… Non ! je ne puis descendre… j’ai du courage, pourtant !… Là-bas, le bruit du Doubs… le bruit qui m’épouvante… voilà l’auberge… ces gens ! Leurs visages m’effraient… Maurice… tu seras bon, toi aussi, n’est-ce pas ?… Pense… à ta mère… elle t’a bien aimé… Adieu… au revoir… pense…

Ce fut son dernier mot.

La comtesse Jeanne de Laroche avait cessé de vivre. Elle s’était éteinte, à la fin d’une existence cruellement ravagée, loin de son pays, des lieux où ses années de jeune fille, de fiancée et d’épouse avaient coulé trop vite. Et elle laissait un fils, fort et sage il est vrai, mais exposé néanmoins aux misères qu’une vie sans avenir allait probablement faire tomber sur sa tête.

Maurice, d’abord, eut comme la sensation très nette qu’un vide s’était brusquement produit dans son cerveau. De toutes les idées qui tourbillonnaient dans sa tête, il n’avait plus la notion que d’une seule, celle qui le rattachait à sa mère, déjà toute pâle et froide sous