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le forgeron de thalheim

voyages, à la table des hôtels, animé du désir de plaire à Joseph Teppen, le forestier réussit parfaitement à captiver les apparentes bonnes grâces du père, de Suzanne, car l’un et l’autre semblaient se convenir depuis longtemps, tant il y avait de prévenances d’une part et d’amabilité d’autre part.

Otto Stramm, c’était visible, n’avait de regards que pour Suzanne ; ses yeux ne pouvaient se détacher d’elle tandis qu’il parlait à Joseph Teppen. Celui-ci souriait finement en observant le forgeron. Quel visage attristé ! La contenance de Robert, seule, trahissait ce que le tuilier avait presque deviné. Il aimait sa fille, c’était certain. Et, alors, pour mettre le pauvre garçon encore plus mal à l’aise, pour lui faire mieux sentir qu’il ne comptait pas dans sa pensée, l’industriel encourageait l’Allemand à danser avec son enfant. Suzanne ne disait mot ; elle était comme sur des charbons ardents, craignant, chaque fois qu’elle s’éloignait avec le forestier, de voir Robert les rejoindre dans la salle et se prendre de querelle avec son rival. Aussi désirait-elle vivement qu’on s’en allât ; mais le père n’était sans doute pas de cet avis, car les bouteilles