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le forgeron de thalheim

cœur. C’est d’ailleurs ce qu’il avait attendu. Ils entrèrent donc. Mais le tuilier ne pouvait rester bien longtemps. Au bout de quelques instants, prétextant la nuit qui tombait, il se leva pour partir. Sa femme et Suzanne l’imitèrent. Robert voulait les accompagner. Joseph Teppen lui dit brusquement :

— Non, merci, pas la peine ! En moins de rien nous sommes à la maison.

Là-dessus ils se séparèrent en se souhaitant réciproquement une bonne nuit, les deux jeunes gens sentant comme un grand mal inconnu s’installer dans leur cœur d’où quelques heures auparavant s’échappait l’hymne éternel de l’amour, et, ici, de l’amour pur, unique, immense !

Robert les regarda s’éloigner, les lèvres serrées, le front triste. Il avait cru saisir le sens de ce refus. L’avenir lui parut sombre, comme la nuit qui s’avançait, emplie encore des bruits de la fête, de la musique du carrousel et de la danse, du brouhaha d’une foule toujours en mouvement. Il passa furtivement une main sur ses yeux que troublait une larme d’angoisse, et, son ouvrier arrivant à ce moment, ils retournèrent auprès de la mère qui apprit, non sans émotion, les di-