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le forgeron de thalheim

contre Otto Stramm, du moins les plus braves, c’est-à-dire les plus indépendants.

Joseph Teppen, de loin, avait tout vu, car, ayant remarqué la sortie de Robert, il avait soupçonné le sentiment qui le poussait sur les pas du forestier et de sa fille, et avait suivi le jeune homme. Le tuilier trouvait que la chose allait trop loin, et il se promit d’y mettre un terme. Aussi, étant rentré dans la chambre deux ou trois secondes avant Robert et Suzanne, il dit à sa femme, d’un ton qui ne souffrait pas de réplique :

— Cette fois, nous partons !

Robert fut de cet avis, naturellement ; toutefois, il garda le silence. Sa journée était gâtée ! Et toujours par la même cause : l’ennemi ! Oh ! quelle colère sous son front pâte qu’avaient effleuré les aveux de Suzanne et la main du rival odieux !

Il espérait bien reconduire celle qu’il aimait jusqu’à la tuilerie, mais Teppen était plus habile que lui. Au lieu de prendre le sentier qui, du haut du village, aboutissait à son habitation, le père de Suzanne descendit la rue de Thalheim, et, arrivé devant la forge, il ne fit aucune difficulté pour accepter le verre de vin que Käthel leur offrait de si bon