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le forgeron de thalheim

-tait qu’il fallait lui obéir en tout, autrement il la menaçait de ne plus revenir à la Ravine. À ces menaces, la pauvre enfant perdait complètement la tête.

Et, tandis que ces déchirements intimes d’un cœur qui se brise, se comptaient aux palpitations d’un sang généreux, le sang de la fille du peuple, élevée en plein air, sous les bois touffus, le temps passait, long pour Georgette, pour Otto Stramm très rapide, car son existence était une suite d’émotions nouvelles et enfiévrées. L’automne avait laissé tomber sur les forêts cette teinte safranée si agréable à l’œil, dans les derniers jours d’octobre ; les soirées étaient splendides, d’un calme profond ; parfois le soleil couchant empourprait la brume de lueurs crépusculaires, semblable à une poussière d’or qui enveloppait les arbres des vergers, dont les fruits disparaissaient sous la main économe du cultivateur intelligent. Dans les champs, le laboureur jetait son blé sur les sillons ; le bœuf silencieux obéissait lentement à la voix de son maître ; et, derrière les haies des jardins on entendait les rires de la famille réunie, occupée à la rentrée des récoltes potagères. Pourquoi donc Georgette ne pouvait-elle pas,