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le forgeron de thalheim

pour lui c’était un sentiment pénible, il sentait sa joue brûlante qui avait pour ainsi dire conservé la trace de la main du forestier. Pour Suzanne il avait subi l’injure ! Impossible de l’oublier ! Sa fureur s’augmentait de la jalousie qu’il éprouvait à la pensée que son rival était bien accueilli de Joseph Teppen, qu’à ces moments où la souffrance, aux élancements profonds, le souffletait brutalement, lui, Otto Stramm, était peut-être à côté de Suzanne, babillant avec elle, faisant le beau et peignant, de ses doigts grassouillets, sa barbe blonde. Oh ! alors, comme Robert intérieurement rageait !

Depuis la fête, il n’avait revu Suzanne qu’une ou deux fois, mais seulement de loin, en passant. Et il lui avait semblé aussi qu’elle était triste, et que, au fond de ses grands yeux bleus, se remuaient des douleurs secrètes. Que faire ? Aller trouver Joseph Teppen et lui avouer simplement, honnêtement, la sympathie que lui avait inspirée Suzanne ? C’était bien risquer, et Robert préférait cent fois mieux l’incertitude où il flottait qu’un refus cruel et froid. Car il espérait toujours que l’occasion, le hasard, éclairciraient déjà bien ce qu’il craignait de voir arriver. Aussi,