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le forgeron de thalheim

dix fois au moins, avait été sur le point d’aller à la tuilerie pour demander la main de Suzanne ; mais, dix fois aussi, elle avait hésité au dernier moment.

Il croyait si bien à la durée de son bonheur, le forgeron de Thalheim, qu’il n’avait pas prévu que le charme en serait sitôt rompu. Il s’était naïvement imaginé que Joseph Teppen ne ferait aucune difficulté de lui donner sa Suzanne pour femme ! Il se dévouerait à elle avec tant d’abnégation que ce père de famille devrait encore se dire très heureux d’avoir rencontré un pareil gendre ! Durant quelques jours après l’accident, Robert avait vogué à pleines voiles dans le septième ciel de l’amour. Il avait toujours devant les yeux le regard de reconnaissance que Suzanne lui avait jeté, à lui qui n’osait espérer un tel retour d’affection. Et puis, voilà qu’un jeudi soir, le papa Teppen lui-même, le premier de la localité, était venu chez eux les inviter au dîner, à passer toute une belle journée près de sa Suzanne. Alors, quand ce souvenir encore tout frais se présentait de nouveau à son esprit, il revivait ces heures écoulées aux côtés de la charmante enfant.

Et, tout à coup, sans qu’il le voulût, car