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Page:César - Le forgeron de Thalheim, 1885.djvu/142

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le forgeron de thalheim

Joseph Teppen était ce jour-là d’une humeur massacrante. La veille, il s’était rendu à la ville voisine où il avait appris que l’un de ses clients, le plus gros, venait d’être déclaré en faillite. C’était une perte sèche de dix mille francs. Et Joseph Teppen tenait à son argent, ferme ! Il y avait en lui de cette passion du lucre, du métal blanc et jaune qui est un des traits du pauvre enrichi. D’ailleurs, il est vrai de dire que, pour sa fortune, deux ou trois brèches pareilles seraient assez sensibles. À cette heure, les affaires marchaient, mais il ne fallait pas que de telles culbutes, devenues très à la mode de nos jours, se renouvelassent trop fréquemment ; autrement, Joseph Teppen, à la longue, n’y résisterait plus.

En vain la mère de Suzanne, avertie par celle-ci, avait cherché à amener la conversation sur la visite qui allait leur arriver. Le tuilier, brusque dans ses relations avec tous les gens de sa maison, avec les siens comme avec ses ouvriers, n’avait pas voulu mordre à l’hameçon, et lorsque Käthel parut sur le seuil de la porte, Suzanne et sa mère étaient aussi inquiètes que la veuve.