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le forgeron de thalheim

Teppen se déciderait bien, un jour ou l’autre. Oubliées donc les inquiétudes mortelles qui, ces derniers temps, l’avaient assailli ! Oubliés les tourments de la jalousie ! car on n’est plus jaloux du moment où l’on croit à la bien-aimée.

Vers une heure de l’après-midi, la veuve Käthel, en toilette des dimanches, son bonnet en dentelle noire coquettement posé sur ses blancs cheveux, sortit de la maison, salua d’un air narquois l’ouvrier Thomas qui la regardait la bouche bée, de plus en plus étonné, laissa un mot d’espoir à son fils, mot prononcé tout bas ; puis elle s’achemina, à petits pas réguliers, afin de ne pas arriver trop vite, dans la direction de la tuilerie, le long de la grande route, en passant vers la mare bourbeuse où un crapaud hideux faillit sauter sous les pieds de l’excellente femme. Celle-ci, à l’aspect de l’horrible bête, fut sur le point de retourner à la forge. Superstitieuse comme le sont les mères à cet âge et dans ces circonstances, surtout celles du peuple, ce futile incident la troubla. Toutefois, elle continua sa route en mettant sa confiance en Dieu et comptant beaucoup sur l’amour de Suzanne pour l’heureux succès de sa démarche.