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le forgeron de thalheim

s’aigrissent volontiers. Un rien les jette parfois hors de la droite voie, et, cependant, à leurs yeux, le chemin est tout tracé. Le père de Suzanne avait encore ce défaut qu’une fois engagé dans une telle direction, imbu d’une telle idée, il était difficile de le faire revenir sur ses pas ou à d’autres sentiments. Qui sait ? Il devait peut-être sa fortune à.cette ténacité que d’aucuns envisagent comme une maîtresse qualité. En un mot, il ne voulait pas avoir tort.

Toutefois, en de certaines circonstances, cet entêtement pouvait avoir des résultats funestes. Il reconnaissait — et il se l’avouait avec colère — que les deux jeunes gens avaient de bonnes raisons pour s’aimer, et que, comme le disait sa femme, le bonheur de sa fille dépendait de cette union. Mais il n’avait pas favorisé cette passion naissante, parce qu’il ne lui plaisait pas, à lui, de donner son enfant, dont la fortune, un jour, serait assez considérable, au simple forgeron Robert Feller, et il lui était désagréable d’avoir eu tort. Aussi refusa-t-il.

— Nous ne partageons pas la même opinion à ce sujet, dit-il enfin, après un moment de réflexion.