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le forgeron de thalheim

cœur me le murmurait toujours et je me plaisais, je m’habituais tout doucement à écouter cette musique. Pourquoi es-tu si méchant avec ta Suzel ? Elle n’a jamais cherché qu’à effacer les rides de ton front, à évoquer des sourires sur tes lèvres. Tiens, si tu refuses, je serai malheureuse, extrêmement. Notre fortune, un obstacle ? Mais, je ne désire rien de cela ; gardez-la pour vous, pour mon frère, pour agrandir ton commerce. Est-ce que j’ai besoin d’être riche ? Robert est bon, et il m’aime. Vois-tu, pour nous autres simples filles, c’est tout ! Et puis, nous aurons bien assez pour vivre. Il nous faudra si peu ! Et nous te chérirons tant ! Tu viendras chez nous, nous te réserverons la meilleure place au coin du feu, au chaud, entre lui et moi, et Käthel et ma mère près de nous. Et nous causerons, et tu nous parleras, et nous t’écouterons, et le foyer bavardera gaiement ! Quelle bonne vie pendant les longues soirées des hivers !

Car, petit père, nous attendrons, si telle est ta volonté, un an, deux ans, et plus encore ! C’est si vite passé. Je suis jeune, Robert aussi, nous nous aimerons d’autant, mieux, puisque, pour être l’un à l’autre,