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LE FORGERON DE THALHEIM

moins qu’on ne veuille prendre pour de l’amour la cordiale amitié qui les unissait. Ils se voyaient toujours avec plaisir, s’entretenaient parfois des mystères de la forêt, des joies de l’été coulé sous les arbres feuillus et des tristesses de l’hiver, long et froid. Et c’était tout, au sincère désespoir de Jean Schweizerl qui, dans un coin de sa vie, avait déjà arrangé une place pour son gendre Robert Feller. Ce dernier semblait ne pas comprendre la tendre sollicitude de son vieil ami.

Et, pourtant, nous pouvons affirmer que Robert eût bien fini par s’apercevoir de la singulière beauté de Georgette si, de Thalheim à la demeure du bûcheron, il n’eût pas rencontré, de temps à autre, deux yeux bleus et une charmante tête de blonde. Ces yeux et cette tête, dont se préoccupait si intimement et presque malgré lui Robert le forgeron, appartenaient à Suzanne Teppen, à Suzanne, la perle de la contrée, la meilleure fille du village, et la plus riche avec cela, un visage souriant et clair, des joues rosées et l’or bruni des épis mûrs dans les cheveux. Quel gracieux tableau quand, svelte dans sa robe d’indienne de Mulhouse, la chevelure également partagée