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le forgeron de thalheim

Il devait penser à quelque chose de bien étrange en posant cette question à Robert, car l’amertume de son sourire s’accentua encore, et comme une lueur fauve jaillit de ses yeux enfoncés dans une orbite profonde, creusée par les soucis, la misère et les souffrances.

— Eh ! je ne vous reconnais pas. On dirait que vous avez peur ou que vous êtes sur le point de commettre un crime, tant votre physionomie est défaite.

Ce fusil ? Ah ! c’est vrai ! Je me suis amusé à le charger pour tuer deux grives qui viennent tous les matins becqueter des baies dans la haie du fond du verger. Toutefois, comme il y a longtemps que je n’ai plus utilisé ce jouet-là, je risque peut-être de manquer ce couple d’oiseaux qui feraient cependant bonne figure sur notre table. Je vous réserverai une aile, si vous voulez.

— Merci ! Je n’ai besoin de rien.

— Mais, au nom du ciel, qu’avez-vous, Jean Schweizerl ?

— Tu as raison, puisque je suis ici, il faut bien qu’un motif quelconque m’y ait amené. Sommes-nous bien seuls ?

— Voyez, pas une âme ! mon Suisse Thomas ne rentrera sans doute qu’à la nuit.