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le forgeron de thalheim

et où il avait dressé son fourneau. Le soir seulement, il irait chez son jeune ami.

Un peu avant la tombée de la nuit il arrivait inopinément à la forge de Robert Fellèr.

Celui-ci avait justement entre. les mains un vieux fusil d’ordonnance qu’il chargeait d’un air très calme. L’ouvrier Thomas était parti après le dîner pour la ville voisine sur l’ordre de son maître, lequel avait besoin de divers objets qu’il ne pouvait pas se procurer à Thalheim.

— Eh ! quel bon vent vous amène, Jean ?

— C’est un mauvais, il souffle du nord.

— En effet, la bise est froide, aujourd’hui.

— Il s’agit bien de la bise ! je ne m’en suis même pas aperçu.

À cette réponse, qui dénotait une indifférence vraiment trop extraordinaire chez le coureur des bois, Robert examina plus attentivement son vieil ami. La pâleur de son visage le frappa ; le sourire amer que semblait dessiner sa bouche, excita au plus haut point sa curiosité. Il ne l’avait jamais vu ainsi.

— Tiens, mais qu’avez-vous donc ?

— Moi ? rien !

Que veux-tu faire de ce fusil ?