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le forgeron de thalheim

celle qu’on aime, peuvent répandre sur le souvenir de l’ami éloigné.

L’absence est le plus grand des maux, a dit le Bonhomme, dans sa naïve psychologie des bêtes.

Et Robert savait aussi que « les absents ont toujours tort. »

Il aimait tellement Suzanne que, pour lui, la vie sans elle n’était pas possible. Il n’aurait pas eu l’épouvantable courage ou lâcheté, comme on voudra, de descendre jusqu’au suicide, non, il n’y avait pas songé, car sa mère était là, et la bonne femme avait besoin d’un soutien pour sa vieillesse, d’un bras affectueux. Pour elle, cette sainte, il devait vivre, mais pour elle seulement ; même si, ce qui n’était pas à prévoir, Suzanne changeait de sentiment à son égard.

Käthel avait aussi fait part à son garçon du désir de Suzanne que Robert ne chercherait plus à la revoir contre le gré de son père. Néanmoins, le forgeron ne tenait rien moins qu’à se soumettre à cette volonté. Il se trouvait, croyait-il, en cas de légitime défense, et il pensait sérieusement à entretenir des relations avec celle qu’il aimait. Suzanne lui pardonnerait cette désobéissance : il s’agissait de