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le forgeron de thalheim

sible sa propre personne, et aborder l’ennemi comme s’il ne l’eût jamais rencontré jusqu’à ce jour. Si, au contraire, il paraissait devant lui avec tous ses griefs, il risquait d’échouer dans sa démarche beaucoup plus tôt qu’en imposant silence à ses plus intimes sentiments.

Otto Stramm, comme nous le savons, avait loué un appartement dans la maison de Victor Helbing, le maire, située près de l’auberge de la Demi-Lune. Une croisée de son logis donnait sur les vergers, de sorte que le forestier avait pu s’absenter souvent, sans que le propriétaire s’en fût aperçu. Il n’avait qu’à ouvrir la fenêtre et il était libre. Au dire de Jean Schweizerl, il avait amplement profité de cette liberté.

Quelques personnes — cette circonstance fut consignée le lendemain au procès-verbal — remarquèrent, non sans surprise, le forgeron de Thalheim entrer dans la maison qu’habitait celui que, depuis la fête, on désignait comme son ennemi. En outre, le soir précédent, Otto Stramm avait habilement fait courir le bruit que la mère de Robert avait été fort mal reçue du tuilier Teppen, lequel n’entendait pas avait ajouté le forestier, élever des filles pour les donner en mariage au premier