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le forgeron de thalheim

par aucun projet de vengeance ! Vous ne feriez qu’agrandir l’abîme sous les pieds de Georgette et sous les vôtres.

— Je. n’y pense pas. Mais, Robert, qu’arriverait-il si Suzanne, ce que je ne crois pas, était forcée de le prendre pour mari ?

— Jean Schweizerl, si ce n’était ma mère, j’aurais déjà rappelé au forestier le soufflet qu’il me donna le jour de la fête, en présence de ma chère Suzanne. Mais, à cause d’elle, à cause de Suzanne aussi, qui m’a prié d’éviter cet homme, j’ai fait taire mon âpre ressentiment. Toutefois, il ne faut pas que les choses aillent trop loin : ou Suzanne deviendra ma femme, ou un grand malheur désolera toute mon existence, car le jour où j’apprendrai — si cela doit avoir lieu — que le mariage de Suzanne et du forestier est une chose décidée, je me souviendrai de l’insulte. Je vous jure, à vous seul, qu’il ne l’aura pas.

— Enfin, je te retrouve. J’avais cru, un instant, que toi aussi tu oubliais.

— Jamais !

— Bien ! mais j’espère que tu seras heureux, Robert, j’en ai même le pressentiment. Il ne faut pas que tous nous souffrions par le fait de cet homme.