Page:César - Le forgeron de Thalheim, 1885.djvu/204

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
204
le forgeron de thalheim

cerveau de Robert, qui, à l’aspect du cadavre de son ennemi, resta calme, avec une grande tristesse dans le regard. Mais, aucun symptôme d’horreur, de repentir ou de peur sur le visage du forgeron. Le magistrat en fut tellement surpris qu’il maugréa dans sa moustache blonde :

— Cet homme est un criminel dangereux, ou il est accusé injustement. On ne regarde pas ainsi sa victime.

Plusieurs personnes furent interrogées. Elles dirent ce qu’elles savaient des deux jeunes gens. Leurs dépositions s’accordaient parfaitement : Otto Stramm et Robert se détestaient, ils étaient rivaux, aimaient tous les deux Suzanne Teppen. C’étaient de précieux indices. Les traces du crime, dont le mobile devait être la vengeance, se dessinaient, claires, évidentes. La justice ne s’était pas trompée ; l’opinion publique avait facilité sa tâche. Ayant congédié les témoins, le juge, son greffier à ses côtés écrivant demandes et réponses, s’adressa derechef à Robert :

— Reconnaissez-vous ce cadavre ?

— Oui, c’est celui du forestier Otto Stramm.

— Êtes-vous le meurtrier de cet homme ?

— Non !