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LE FORGERON DE THALHEIM

ne désemplissait pas : on parlait, on s’animait, les observations se pressaient nombreuses, et, conséquence inévitable, les gosiers s’altéraient.

Mais le vin d’Alsace est aisé à boire dans de pareilles circonstances.


XII


Jean Schweizerl n’était rentré à la Ravine qu’avec le jour. Il avait passé la nuit dans les bois, les yeux hagards, l’allure incertaine, la lèvre muette. Toujours la même idée hantait son cerveau, idée fixe qui lui enserrait le cœur à l’étouffer : Le triste sort de sa fille.

Lorsque le bûcheron ouvrit la porte de sa maisonnette, il vit, dans la demi-clarté d’un jour d’hiver, Georgette encore assise au coin du feu où Robert l’avait laissée la veille au soir. Elle ne s’était pas couchée. Ses joues avaient une pâleur mate qui faisait ressortir plus vivement ses grands yeux noirs tout humides. Elle était indiciblement malheureuse. Elle essayait, mais en vain, de comprimer sa douleur et d’amener son esprit à