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LE FORGERON DE THALHEIM

Le bûcheron se leva, et, après avoir embrassé son enfant, il ajouta encore :

— Si par hasard on venait me demander, tu n’aurais qu’à dire que je suis dans la forêt, à la Combe du Loup. Les ouvriers m’attendent déjà. Au revoir ! Aie soin de la Rouge et tranquillise-toi.

Là-dessus, il sortit.

La vue de sa fille lui faisait mal.

Le bûcheron s’enfonça dans les bois, sous les arbres à la ramure dépouillée de feuilles et couverte d’un manteau de givre. La neige tombait. Parfois à son passage, une grive ou un merle à bec d’or s’envolaient d’un buisson où des baies les avaient attirés, gentils oiseaux que les frimas attristaient, car ils n’avaient plus cette note joyeuse des claires matinées du printemps. Pour Jean aussi, les jours d’amertume étaient là, et lui, vieillard, brisé par le travail et les passions des hommes, n’espérait plus le gai soleil du renouveau.

Il erra un peu à l’aventure pendant les premières heures de cette journée qui devait être si fatale à Robert Feller. Jean ne raisonnait plus ses actes. Il allait devant lui, comme poussé par une force, une main invisible,