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le forgeron de thalheim

pas non plus que son amour pour Robert s’en refroidisse. Ils seront heureux, vous aussi, mère Käthel, je vous le promets. Mais, un peu de patience ! La justice reconnaîtra déjà bien son erreur. Tout s’éclaircira.

À ces mots, la veuve se redressa, fiévreusement agitée. Ses yeux attristés s’arrêtèrent sur ceux du bûcheron. Elle le fixa durant quelques secondes, et, s’approchant de lui, elle demanda tout bas :

— Jean, que savez-vous ?

— Moi ? rien ! rien encore ! vous dis-je ; mais puisque Robert affirme son innocence, il n’a pas tué cet homme. Robert ne ment jamais, c’est une de ses qualités.

La vieille femme retomba sur sa chaise, aussi anéantie, aussi désolée qu’auparavant.

— Vous voulez me consoler, Jean, dit-elle. Je le vois à vos paroles. Merci ! Mais je suis inconsolable : mon fils est en prison. Dieu seul peut l’en faire sortir.

— Je reviendrai, ne perdez pas courage.

Et Jean s’éloignait lorsque la porte s’ouvrit, et Thomas parut sur le seuil de la chambre.

— Quelles nouvelles ? interrogea cette mère qui n’avait pu, malgré sa volonté, suivre son fils jusqu’au village.