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le forgeron de thalheim

littéralement transformé en immenses flaques d’eau et de boue. Toujours le même bruit, monotone et triste. La neige disparaissait rapidement. On n’en voyait plus qu’à la lisière des bois, dans les dépressions de terrain et sous les arbres.

Le forgeron, au bout d’un quart d’heure de marche difficile, atteignit l’étang. Il en fit le tour et s’arrêta enfin à l’endroit où se trouvait l’écluse. Il n’eut besoin que d’un coup d’œil pour reconnaître la gravité de la situation. Et, circonstance singulière, on eût dit que Teppen, un homme d’expérience pourtant, n’avait pas la moindre inquiétude, car la tuilerie était plongée dans la plus noire obscurité. Dix heures sonnaient à l’église de Thalheim.

Ce soir-là, Joseph Teppen, de retour de son voyage à Belfort, s’était couché tôt, fatigué d’une longue course en voiture, sans avoir pensé un seul instant que la fonte des neiges avait dû amener une grande masse d’eau dans l’étang. Quant au domestique, il avait quitté la maison de suite après le souper.

Robert était descendu dans le chenal qui aboutissait à la grosse roue de la tuilerie. Le bas de l’écluse, qui n’était plus neuve, laissait