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LE FORGERON DE THALHEIM

chasser cette pénible impression. Mais en vain.

A côté de lui, sur le bord de l’étang, Robert était silencieux ; les jeunes filles, toutes frileuses sous un vêtement léger pris à la hâte, étaient muettes également, et la mère, involontairement, frissonnait à la pensée que si Robert était arrivé quelques instants plus tard, son mari et elle ne seraient sans doute plus en vie.

Alors elle s’approcha du forgeron et lui dit :

— Merci, Robert !

Ce nom parut rappeler au tuilier la présence du jeune homme. Il se tourna donc vers lui et :

— Décidément, fit-il, sans vous, un plus grand malheur aurait pu survenir. Merci !

Dans l’ombre de la nuit, comme quelques mois auparavant, Robert sentit une main toute chaude encore du premier sommeil cherchant la sienne et la serrant longuement. C’était Suzanne, qu’une émotion profonde empêchait d’articuler un mot. Mais cette pression en disait plus à l’heureux forgeron que beaucoup de paroles.

— Rien à faire pour le moment ! reprit le