Page:César - Le forgeron de Thalheim, 1885.djvu/280

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

280
LE FORGERON DE THALHEIM

— Vous n’en doutez pas ?

— Presque, tant tu mets de lenteur à me satisfaire. Eh bien, mon brave garçon, retiens mes paroles : Suzanne est à toi.

Le fils de Käthel crut qu’il allait devenir. fou.

— Est-ce possible ? balbutia-t-il.

— Mais, très possible, tout à fait possible, très vrai ! Je te donne ma fille, mais là, je te la donne, entends-tu, cette fois ?

Robert, vivement, saisit la main du tuilier.

— Pas cela, embrasse-moi.

Et il ouvrit ses bras où se précipita le forgeron, heureux, indiciblement heureux.

Quand le premier transport de joie fut apaisé, Joseph Teppen reprit :

— Oh ! pour cela, ce n’a pas été sans difficulté, je te l’avoue franchement, que je me suis décidé à venir ici pour te parler ainsi. Mais, je ne pouvais plus vivre une heure tranquille. Tous les jours, ma femme et ma fille me font un visage, il faudrait voir ça ! Tout comme le tien, il n’y a qu’un instant. Des yeux rouges, des joues pâles, des fronts ridés, des lèvres sans sourires, des allures de martyres ! Est-ce que réellement je serais un si cruel tyran ? Dame ! Peut-être. Mais, sacre-